CLASSEMENT DES GRANDS CRUS CLASSES DE SAUTERNES EN 1855
 PREMIER CRU SUPERIEUR
     
   
 Château  Yquem
 PREMIERS CRUS
     
     
 Château  Premiers Crus
     
 Château  La Tour Blanche
     
 Château Lafaurie-Peyraguey  
     
 Château Clos Haut-Peyraguey         
     
 Château de Rayne Vigneau
     
 Château  Suduiraut        
     
 Château Coutet    
     
 Château  Climens 
     
 Château Guiraud
     
 Château  Rieussec 
     
 Château Rabaud-Promis        
     
 Château Sigalas Rabaud
 SECONDS CRUS
     
     
 Château  de Myrat         
     
 Château Doisy Daëne   
     
 Château Doisy-Dubroca         
     
 Château Doisy-Védrines
     
 Château  d'Arche  
     
 Château Filhot     
     
 Château Broustet 
     
 Château Nairac
     
 Château  Caillou   
     
 Château  Suau      
     
 Château de Malle 
     
 Château Romer du Hayot
     
 Château  Romer    
     
 Château  Lamothe 
     
 Château Lamothe-Guignard  
Etabli  en vue d’une présentation des vins de la Gironde, dans le cadre de l’Exposition  Universelle de Paris, à la demande de l’Empereur NAPOLEON III. La rédaction du  classement fut confiée, par la Chambre de Commerce de Bordeaux, au «Syndicat  des Courtiers de Commerce» auprès de la Bourse de Bordeaux. Sa mission était  d’officialiser une classification basée sur l’expérience de longues années et  qui correspondait à la reconnaissance de la qualité du Terroir et à la notoriété  de chaque cru. Les éléments furent puisés aux meilleures sources. Publié le 18  avril 1855, le Classement fut donc le point d’aboutissement d’une réalité de  marché et d’une évolution existante depuis plus d’un siècle
     
     
 HISTORIQUE DU CLASSEMENT
     
     Dans  le Bordelais, c’est dans la seconde moitié du XVIIème siècle qu’apparaît la  notion de cru. En effet, on distingue déjà quelques grands vins issus d’un  terroir particulier, œuvres de propriétaires fiers de la qualité de leurs  produits. C’est le cas, pour les vins rouges, du fameux quatuor : Haut-Brion,  Latour, Margaux et Lafite. Parallèlement, en Sauternais, les grands domaines  accèdent à cette notoriété officieuse. Leur spécialisation dans la genèse de  blancs liquoreux issus de la pourriture noble les y a aidés. D’autant qu’après  la période de la Révolution et de l’Empire, sinistre pour le commerce bordelais  et les exportations de vins, la Monarchie de Juillet assure enfin la reprise :  le Sauternais plante et replante, les vendanges par tries se généralisent et  les nouveaux clients de Bordeaux, Allemands, Hollandais et Belges,  s’intéressent de près aux grands liquoreux. À l’instar des Anglais et des  Russes, qui recherchent le nec plus ultra, donc les élixirs sauternais.
  À  la différence d’autres régions, où le cru peut couvrir un terroir commun à  plusieurs propriétaires et même à deux ou trois villages, à Bordeaux il  correspond à une exploitation viticole appartenant à une A.O.C., qui vend un  vin produit sur cette exploitation ou la partie de l’exploitation que désigne  le cru. Le terme «château» est devenu, en Bordelais, synonyme de cru, même si  le dit château n’est qu’une humble bâtisse. En Sauternais, les bâtiments sont  presque toujours un château au sens architectural et certains chais, anciens ou  ultra-modernes, sont à la fois fonctionnels et esthétiquement réussis.
     Cette  notion de cru est tellement présente dans les années 1850 que la production  d’Yquem, de Coutet ou de Filhot intéresse au plus haut point les courtiers et  que ces grands vins sont désormais recherchés à Paris et dans les cours royales  ou princières d’Europe centrale et orientale où le marquis de Lur-Saluces, très  actif, a su les mettre à la mode. À tel point que le prix du tonneau double en  vingt ans. C’est l’époque heureuse où, l’on s’en souvient, le négociant Focke  et le marquis de Lur-Saluces profitent du hasard heureux que rappellent deux  contes... plausibles.
     Tout  est donc en place, en 1855, sous le Second Empire, lorsque dans le cadre de  l’Exposition universelle de Paris, où chaque département exposera ses  productions marquantes, la Chambre de Commerce de Bordeaux demande au Syndicat  des Courtiers de proposer un classement des plus grands vins. Ces courtiers, à  juste titre, sont considérés comme des professionnels intègres et indépendants  qui fréquentent le vignoble, dégustent, contribuent à établir les prix. Ils  sont d’ailleurs des officiers ministériels nommés par décret. Dans le préambule  au classement proposé, ils assurent s’être «entourés de tous les renseignements  possibles». C’est qu’ils étaient en possession de nombreuses archives des  décennies précédentes et de leurs propres notes de dégustation, étonnamment  précises. Un peu inquiets des lourdes responsabilités dont ils sont investis,  ils signalent timidement que leur liste peut «éveiller des susceptibilités» et  qu’ils n’ont fait que “soumettre un travail aux lumières”, celles de la Chambre  de Commerce. Dans les vins rouges, seuls les crus du Médoc et le Château  Haut-Brion furent classés, en cinq catégories. Pour les vins blancs, seuls les  Sauternes et Barsac furent retenus. Un unique «premier cru supérieur», le  Château d’Yquem, était distingué et jugé hors classe. Il était suivi de neuf  premiers crus et de onze seconds crus. La hiérarchie semblait donc plus stricte  dans le Sauternais deux catégories au lieu de cinq.
     Ce  célébrissime classement s’appuyait en fait sur plusieurs classifications  antérieures, respectées et vérifiées par la hiérarchie des prix pratiqués. Il  ne suscita aucune protestation puisque les courtiers se contentaient de  récompenser des châteaux qui avaient largement fait leurs preuves.
     Les  grands crus classés de Sauternes et Barsac bénéficièrent de la publicité qui  leur était implicitement faîte. Ainsi, en 1859, le frère du tsar de toutes les  Russies, le Grand Duc Constantin, paya 20.000 francs le tonneau un Yquem de  1847. C’était un prix extraordinaire, quatre ou cinq fois plus cher que Latour  ou Margaux ! Dans les deux décennies qui suivirent, les crus du Sauternais  dépassèrent souvent les seconds crus médocains et plusieurs fois les premiers.  Leur notoriété était désormais établie et cette prospérité, dont toute la  région bénéficiait, explique le retour en Sauternais de vieilles lignées  aristocratiques, les Pontac, Sigalas, Rolland et bien d’autres.
     Au-delà  de la terrible crise du phylloxéra, qui s’est d’ailleurs répandu moins vite  dans le Sauternais, les grands crus classés ont à nouveau connu des années  fastes. Comme le goût pour les moelleux et les liquoreux s’était largement répandu  entre les deux guerres, ces vins supportèrent gaillardement la crise de 1929.  C’est à partir de 1950 que l’horizon devint très noir, avec une inquiétante  désaffection pour les vins blancs et, à l’inverse, un vif engouement pour les  vins rouges. Les années soixante furent tout aussinéfastes, cette fois pour des  raisons climatiques : beaucoup d’investissements furent stoppés.
     Le  renouveau date des années 80, avec le très bon 83 et l’excellent 86, comparable  au magnifique 1937. Il s’explique par l’intérêt nouveau porté aux grands vins  du Sauternais par la presse nationale et, surtout, internationale, et par les  nouvelles modes de consommation. Mais les raisons déterminantes, ce sont la  résistance, longue et parfois épuisante, de la plupart des grands crus, et les  achats de quelques autres par des hommes qui se sont littéralement épris du  vignoble et l’ont restauré. La leçon qu’il faut en tirer est finalement :  limpide le classement de 1855, qui précède de très loin l’apparition des  appellations contrôlées, a suscité un esprit de responsabilité qui se propage  de génération en génération, il y aura bientôt cent cinquante ans. «Ne pas  faillir à l’honneur qui nous a été fait», telle semble être la devise exigeante  des 26 châteaux regroupés dans le Syndicat des Crus Classés de Sauternes et  Barsac, qui représentent près de 45 % de la superficie plantée et 70 % du  chiffre d’affaires.
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