PARLER DU VIN
ANTHOLOGIE
LA LEGENDE D'UN VILLAGE EN PROVENCE
Sur la côte, Saint Honorat fonde en 410 le monastère des îles de Lérins. Dans ce monastère sont formés de nombreux évêques dont certains occuperont l'évêché de Vence, comme Saint Véran, le premier grand nom de l'histoire de Vence. Mort en 492, son corps fut déposé dans un sarcophage de marbre qui est aujourd'hui , l'autel de sa chapelle.
La légende de l'épée fleurie de Saint Véran.
Les Vençois sont menacés par des Barbares "Wisigoths", Saint Véran revêtu de sa longue tunique et armé de sa crosse dorée, partit vers le camp des Barbares, sur sa mule accompagné d'un enfant qui portait une croix. L'évêque s'approcha du chef, Euric et lui dit humblement : " Je suis Véran, évêque de Vence. Je viens te supplier d'épargner ma cité et ses habitants, ô toi, roi des païens". A ces mots, le Barbare, furieux, saisit son épée, la fit tournoyer au-dessus de la tête du prélat, qui priait à voix basse. L'épée alla se planter dans un arbre à quelques pas de là. Euric s'avança vers le saint homme et lui dit : " Évêque, si mon arme demain est fleurie, je t'épargnerai, toi et ta cité". Saint Véran se retira près de l'arbre et resta prostré en implorant le ciel, jusqu'au matin. A l'aube l'épée est fleurie car pendant la nuit un liseron rouge s'était enroulé autour de l'épée. Le soir Euric levait le camp et Vence fut sauvée. Saint Véran reçu le titre de "Protecteur de la cité".
Saint Lambert, venu aussi du monastère de Lérins, fut évêque de Vence durant 40 ans (1114-1154). On lui attribue le don des miracles. Tout comme Saint Véran. L'autel de sa chapelle a été construit sur son tombeau.
Saint Lambert : L'eau changée en vin.
Saint Lambert mortifie sa chair, et ne prend d'aliments qu'après avoir récité à genoux les cent cinquante psaumes de David. Très austère pour lui-même, il est d'une admirable douceur pour les autres. Dieu se chargea pourtant de l'avertir qu'il modérât ses abstinences. C'était un vendredi saint. Saint Lambert épuisé du Carême, ne voulut prendre en ce jour sacré qu'un peu de pain et d'eau. Comme vers quatre heures du soir, il se trouvait à table au milieu de tous ces chanoines, bénissant l'eau qu'on lui présentait, tous les historiens de sa vie rapportent que, tout à coup, l'eau fut changée en vin. Trois fois il envoya chercher de l'eau, trois fois le prodige se renouvela :"Voyez, dit-il, quelle est la puissance du signe de la croix".
Raimond Bérenger IV mourut prématurément en 1245. Il laissait quatre filles, les trois premières ayant été mariées et dotées se trouvent écartées de la succession ; Marguerite épouse du roi de France Louis IX (Saint Louis), Blanche épouse du roi de Rome, Eléonor épouse Henri III d'Angleterre. La Provence échue à la benjamine : Béatrice qui épousera Charles d'Anjou. Charles d'Anjou devient roi de Provence et conquiert aussi Naples et la Sicile. Robert 1er va succéder à Charles et léguer la Provence à sa petite fille Jeanne, alors âgée de 16 ans.
La Reine Jeanne
Jeanne 1ère, dite la reine Jeanne (1326-1382) Souveraine de Naples, de Sicile et de Jérusalem, duchesse des Pouilles et de Calabre, comtesse de Provence, de Forcalquier et de Piémont. Mariée par raison d'état, dès l'âge de huit ans, à son cousin André de Hongrie, à peine âgé de sept ans, Jeanne sera accusée du meurtre de son époux, assassiné près de Naples, à la suite d'un complot, dont Louis de Tarente, était le chef. Veuve à dix-neuf ans, la jeune souveraine épousera ce Louis de Tarente, un homme ambitieux, violent, cruel, qui mourra à quarante deux ans.Toujours belle et insatiable aux plaisirs de l'amour, Jeanne se remariera avec Jacques III de Majorque, son cousin, de douze ans plus jeune qu'elle et à la mort de celui-ci, avec Othon de Brunswick, un prince allemand, tout dévoué à sa Reine. Poursuivie sans cesse par ces ennemis, dont Louis de Hongrie, frère d'André, la reine Jeanne sera étranglée, dans la sombre forteresse de Muro, située dans les Apennins. La reine Jeanne léguera la Provence à l'un de ses neveux Louis 1er d'Anjou . Elle a laissé à Naples le souvenir d'une reine légère, inconséquente "très peu digne et incapable de gouverner". En Provence, au contraire, elle apparaît comme une reine de légende, pure incarnation d'un rêve, symbole vivant de beauté et de poésie. Quelle merveilleuse preuve d'amour dont témoignent les Provençaux à leur belle princesse lointaine, car la reine Jeanne ne vint qu'une fois en Provence, de Naples à Avignon. Mais elle y apparaît dans tout l'éclat de sa beauté. Ne nous étonnons pas, que subsistent encore, tant de châteaux, de chapelles, de palais, de jardins et de rues, portant le nom de la Reine Jeanne et le plus souvent, là où elle n'est sans doute jamais venue.
Le Siège de Vence
1592, Vence est cernée par Lesdiguières, chef des Calvinistes, adversaire victorieux des catholiques du Midi. Il décide de prendre Vence de vive force. Les reliques des Saints, sont placées sur la tour de l'Eglise. Lesdiguières dispose ses batteries, "Visez droit le clocher". Mais les évêques veillent, les anciens, morts en odeur de sainteté. Saint Lambert et Saint Véran prennent sous leur sauvegarde la défense de la ville. Les assiégeants se rient de ces croyances populaires. Ils pointent leurs canons sur le clocher de l'église. Mal leur en prend. Saint Lambert et Saint Véran, opèrent si bien que leurs mains invisibles repoussent balles et boulets, lesquels s'en retournent vers les assiégeants.
Brûle Bon Dieu
Vence était une des rares ville de France qui possédait un Calvaire. Les troupes du commandant Masséna (oncle du Maréchal) campent aux alentours de Vence. Les soldats se plaignent de l'attitude des Vençois envers eux. Les rapports sont extrêmement tendus.la nuit les portes sont fermées et les soldats n'ont pas accès à la ville. On sait dans le bataillon qu'il y a un calvaire auquel les Vençois tiennent beaucoup. Le 20 décembre 1793, les soldats de Masséna ne pouvant brûler la ville et ses habitants qu'ils exècrent, vont mettre le feu au calvaire. Le lendemain la nouvelle se propage, s'enfle, grandit démesurément : "Ces geusards de Vençois, ils ont brûlé leur calvaire !". La légende est née. Les Vençois sont depuis, affligés de la responsabilité d'un crime qu'ils n'ont jamais commis.
Le Canon de Saint Paul
Les Vençois et les Saint Paulois ne s'entendaient pas. Pour un rien ils se fâchaient, se querellaient. Les Saint Paulois possédaient un canon, Vence n'en avait pas. Les Vençois, un beau jour décidèrent d'aller le voler. Le canon était couché sur les remparts, la gueule vers Vence. S'en emparer était chose facile, rien ne le retenait au sol sur lequel il était couché, il suffisait de six gaillards pour le hisser sur leurs épaules et le déposer dans une charrette. Ce n'est que la nuit qu'un pareil coup pouvait être tenté.
Mais il n'est pas de secret si bien gardé qui ne finisse par transpirer. On connut à Saint Paul l'expédition que les Vençois préméditaient, les Saint Paulois se préparèrent à la résistance.Il n'y avait jamais eu autant de cerises que cette année là, les arbres ployaient sous les fruits. La veille de l'attaque, le maire de Saint Paul fit savoir à ses administrés que toutes les cerises achetées devaient être consommées ce jour, et les noyaux déposés à la mairie avant la nuit. Les Saint Paulois vinrent déposer au lieu indiqué des sacs, des corbeilles, des paniers et même de petits paquets de noyaux de cerises.
La lune ce soir là était tardive, pour ne pas donner l'éveil, les Vençois se rendirent à Saint Paul par des chemins différents. Au moment où ils avancèrent vers les remparts, un véritable coup de tonnerre résonna. Non seulement le canon de Saint Paul avait tonné, mais il avait craché une nuée de noyaux de cerises.
Depuis, le canon de Saint Paul a été scellé dans la pierre des remparts .